“Ne pas subir” : la devise du maréchal de Lattre résume son choix de vie, et sa loi de l’action. De 1914 à 1952, de la Première Guerre mondiale au conflit d’Indochine, il a lutté pour son pays sur tous les fronts, accepté des engagements décisifs, et des responsabilités toujours plus grandes. Les textes rassemblés ici éclairent son action, parfois méconnue ou sous-évaluée, dans des combats multiples. Il fut un grand soldat, soucieux d’enrichir constamment sa réflexion par les contacts les plus étendus, les amitiés les plus diverses, à l’étranger et en France. Nombre de révélations jaillissent de ces lettres, rapports, notes personnelles et études officielles. Elles rétablissent la vérité sur certains événements de l’histoire contemporaine, et dégagent les leçons d’une carrière et d’une vie. Entre 1933 et 1935, auprès du général Weygand, Jean de Lattre collabore à la mise en œuvre d’une stratégie militaire, surtout destinée à faire face au réarmement allemand. Il est sans illusion, contrairement à beaucoup, sur les faiblesses de la France. Il croit à la nécessité d’alliances nouvelles et, pour son chef, participe à des entretiens au plus haut niveau, en Grande-Bretagne, et aux premières tentatives de rapprochement militaire avec l’URSS. Il réprouve Munich, mais refuse de s’incliner devant la fatalité de la défaite. Après la “drôle de guerre” — où il s’illustre à Rethel —, il rédige la “Charte de la jeunesse”, et applique ses principes aux jeunes recrues de l’École des cadres d’Opme. Arrêté et emprisonné en novembre 1942, lors de l’occupation de la zone sud, il est jugé par un tribunal d’exception. Les pièces du dossier et le journal intime de l’accusé, jusque-là inédits, apportent des précisions sur l’affaire, et aident à mieux connaître Jean de Lattre. Sur la défense de Strasbourg en 1944, la réorganisation de l’armée à partir de 1946, le commandement des forces armées des puissances occidentales (1948-1950) — où ses heurts avec Montgomery sont légendaires — les archives du maréchal livrent des documents de première importance. L’Indochine occupe dans ce livre une large part, à la mesure de l’œuvre accomplie par Jean de Lattre comme haut-commissaire et commandant en chef. Ses voyages aux États-Unis, en Grande-Bretagne, sa visite au Vatican, témoignent de l’énergie, de la lucidité, de la profondeur de vues avec lesquelles le “roi Jean” s’imposa dans ce conflit. La mort ne lui a pas permis d’achever ses Mémoires. Les matériaux en étaient réunis. Ils forment aujourd’hui, choisis et présentés par cinq historiens, le témoignage capital d’un homme hors du commun.