Dans le tome I de Maria de Queyrières, nous avons suivi Maria, ses ancêtres, sa famille, depuis le village ancestral de Queyrières jusque dans la vallée du Gier. Le second volume nous entraîne avec Antoine et sa seconde épouse Maria, loin de la vallée du Gier, à Rochefort-sur-Mer, puis au Maroc. C’est le temps de l’amour nouveau, le temps des rêves passionnés, souvent utopiques auxquels, bien souvent, la réalité coupera les ailes. Temps de l’exotisme avec ses admirations et ses incompréhensions, de l’exotisme spectacle dont on n’apprécie longtemps que la surface avant d’en découvrir la profondeur. Temps de la colonisation au quotidien, loin des riches colons et des idéologies, de cette colonisation révolue dont toutes les conséquences n’ont pas été négatives. Maroc des années 1928-1941 où se refléteront 1934, 1936, la crise et la guerre. L’attrait supplémentaire de ce second tome réside dans la narration de Marcelle Exbrayat. Alors que, pour la plus grande partie du tome I, elle avait fait appel aux souvenirs des autres, dans la suite de ce récit, elle est acteur et témoin direct, s’implique avec passion. Et cette photographie d’une tranche d’histoire familiale par une gamine, puis une adolescente qui veut tout savoir et tout comprendre n’est pas le moindre intérêt de cette très belle suite, toujours écrite dans cette langue rare qui a été l’un des motifs du succès du premier volume. Et toujours, en toile de fond, les références à la Haute-Loire natale, à la vallée du Gier des débuts laborieux.