Ils sont jeunes, doués, promis à un bel avenir. Ils vont entrer dans une classe préparatoire à une grande école ou dans une faculté de médecine. Soit. Mais auparavant, il leur faudra subir un traitement très spécial. Pendant des semaines entières, ils deviendront des parias, des moins que rien, des zombies. Il devront se plier au moindre fantasme, au moindre caprice de tortionnaires déchaînés. Violence et sadisme savamment dosés, voyeurisme sexuel, culte du chef, apprentissage de la soumission : tels sont les ingrédients de cette démence collective que décrit, après l’avoir subie, Aude Wacziarg. Malheur au récalcitrant ! Quant aux dociles, aux soumis, l’année suivante ils seront à leur tour des bourreaux puis, un jour lointain, des cadres supérieurs. La presse et la télévision évoquent régulièrement les drames du bizutage. Mais les victimes et les organisateurs se tairont toujours. Parce qu’il y a une ligne jaune à ne pas franchir, parce que la tradition est en jeu et que tout le monde est complice. Parce que, lorsqu’il s’agit des élites, la loi du clan reste la plus forte.