La vie, dans ces poèmes, est dite avec le souffle, dans une perception douloureuse de la solitude, une fine autopsie de soi-même, un romantisme d’une fierté farouche. Le souvenir d’un grand amour et d’occasions de communication refusées, fournit la structure d’un vécu. La lutte se joue avec l’ombre du souvenir, ou le souvenir du souvenir, avec le gris, le manque, de brèves clartés, qui n’en prennent que plus d’ampleur. Un symbolisme de la perception permet de retenir le meilleur de ce qui s’écoule. L’orchestration colorée des sensations et des humeurs nous rapproche du chevalet du peintre. Si les choses sont prises sous le rude couperet du temps, si le passé déplace un halo pénible, si Sielka nous donne de grands cris de détresse, si elle écoute la mort monter, à l’avance, non sans tendresse, nous découvrons la face positive de cette aventure d’écrire et d’être : un accord sensuel avec la terre, des rêves fruités, les éclats d’une lumière imprévue, ainsi qu’une marche confiante vers « l’invisible ».