Bien des couchers de soleil ont embrasé la Baie des Anges et beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du Paillon depuis cette fameuse journée d’août 1543 où une femme du peuple, Catherine Ségurane, se dressa contre l’envahisseur et, montant courageusement au rempart, le chassa à coups de battoir. Nice est une ville où l’irréel danse dans la lumière et les mythes n’y meurent jamais. C’est pourquoi Catherine Ségurane a traversé le temps ; depuis des siècles elle veille sur sa ville, gardienne jalouse de l’identité niçoise. Elle songe avec nostalgie au temps qui n’est pas si lointain où les Niçois étaient heureux de vivre, accueillants et espiègles. Aujourd’hui elle constate que Nice est en perdition et que de grands bouleversements annoncés risquent de la défigurer à jamais. Celle qui vit dans l’inconscient collectif niçois clame quelques cruelles vérités sur la situation passée et présente de Nice, et ces vérités ne sont pas agréables à entendre pour tout le monde, loin s’en faut. « Il est temps de remonter au créneau pour défendre ma ville ; je reprends donc mon battoir à linge et j’invite tous les Niçois qui luttent pour sauver l’âme de Nissa la Bella à en faire autant. Je leur livre cette chronique que m’a inspirée l’histoire de notre cité, afin qu’elle ouvre leur esprit à de salutaires pensées. Il est temps de damer le pion à ceux qui, non contents d’avoir rogné si fort nos libertés, prétendent maintenant nous voler notre âme. Tous à vos battoirs à linge et frappez fort ! » Catherine Ségurane rappelle aux Niçois que leur ville jadis était maîtresse de son destin et que certains se sont attachés à les priver de leur liberté, de leur langue et des traditions séculaires qui étaient leur plus grande richesse. Elle les encourage à résister à ceux qui veulent détruire ce qui demeure de leur passé et livre une prophétie sur les événements qui pourraient bien survenir plus tôt qu’on ne le pense, car l’Aigle de Nice, que des malfaisants veulent mettre définitivement en cage, a encore un bec et des serres…