Gaubert, ou comment l’enfant du pays, trente-trois ans d’absence, nous offre le lieu de son enfance à livre ouvert.Simone Guigues de Souza a passé une grande partie de sa vie au Bénin, où elle exerça comme Professeur d’université. De retour dans son pays natal, elle se plonge dans les archives, passionnée qu'elle est par ce bout de terre coincé entre Digne, la grande ville, le Cousson - la montagne dominante - la Bléone, le torrent capricieux. Elle retrace l’histoire de l’Âge de la pierre à nos jours, mais elle met également l’accent sur le climat, la géologie, l’agriculture, les épidémies…On saisira mieux pourquoi les seigneurs de Gaubert furent amenés à construire un château entouré de remparts vers l’an 1000. Plusieurs dynasties de seigneurs, ainsi que l’assemblée des chanoines de la cathédrale de Digne, exercèrent de fortes pressions matérielles sur les gaubertiers, "rentiers" ou fermiers. À certains moments, ceux-ci menacèrent de s’exiler…Les redevances, basées sur les superficies cadastrées, nous renseignent sur les cultures ou élevages de l’époque. Qui furent les occupants de ces nombreuses bastides en ruine ?Les lieux-dits, témoins de la vie passée, rejetés dans l’oubli par la numérotation du cadastre Napoléon, l’église paroissiale, l’école, la fontaine, les routes et pâturages, le moulin et son canal, les digues et les iscles… sont autant de sujets éclairés par ce travail – assorti de nombreux documents, croquis et photographies.En lisant ce vaste récit, on mesure et apprécie les liens étroits, ainsi que leur autonomie, entre la vie des villages et celle de la ville de Digne – Digne dont, maintenant, Gaubert est un quartier…On se représente aussi les enjeux des échanges, aux multiples plans pratiques, et coutumes de la vie quotidienne. En outre, des anecdotes ou traits de langage, colorés, font sourire – voire songer, avec peut-être un peu de nostalgie.Avec une préface de Jean-Rémy Fortoul, de la vallée de l’Ubaye.