L’institution de l’ECU, dont les progrès sont aujourd’hui appelés par de nouvelles ambitions, peut-elle bénéficier à l’une des plus anciennes réalisations communautaires, la Politique Agricole Commune (PAC) ? Claude Gnos, maître de conférences à l’Université de Bourgogne et chercheur au Centre d’Études Monétaires et Financières du Laboratoire d’Analyse et de Techniques économiques (unité associée du CNRS), établit cette précieuse adéquation. L’auteur fonde sa démonstration sur l’analyse du « problème agrimonétaire européen ». Révélé par les importantes fluctuations des changes qui ont marqué les années soixante-dix, ce problème est très profond ; il trouve son origine dans l’organisation actuelle des paiements internationaux. En effet, l’étalon-devise empêche l’Europe de tirer parti du principe des prix agricoles communs : l’application de ce principe est mise en contradiction avec les objectifs de la PAC, au lieu de les servir. Dès lors, comment s’étonner des impasses répétées des négociations annuelles sur les prix ou encore de l’incapacité de la Communauté à prévenir la formation d’excédents invendables ? Organisant les paiements internationaux des pays membres selon un nouveau régime, celui de l’étalon-ECU, la Communauté donnerait enfin toute son efficacité au principe des prix communs. Elle pourrait ainsi mieux gérer la diversité des agricultures européennes, face aux contraintes du marché unique et des marchés tiers.