Résumé
L’action de ce roman se situe entre 1839 et 1842. La « Guerre de l’opium » fait rage. C’est la première défaite de la Chine devant l’Europe ; c’est le commencement des temps modernes en Extrême-Orient. Les Tartares-Mandchous, anciens cavaliers de la « Terre des Herbes » qui règnent à Pékin depuis 1644, achèvent de s’amollir, désemparés autant par la résistance chinoise (sociétés secrètes) que par les coups de boutoir des Anglais. Les Yeux courroucés racontent l’histoire de deux familles de Pékin : les Pao, laqueurs, gardiens des vieilles traditions, et les Pang, convertis dès le XVIIe siècle au christianisme, déjà familiarisés par cette voie avec le temps occidental, et devenus ainsi horlogers de leur métier. Un fils Pang et une fille Pao s’aiment : amour malheureux, qui finira par un double suicide. Après deux autres deuils, le vieux Pao se brûlera lui-même, avec sa maison, pour ne pas livrer le secret de sa laque aux Tartares. Mais c’est la figure de Tsao, l’aîné et le survivant des fils du laqueur, qui domine l’ouvrage. Courrier, puis soldat à Canton, il se sent coupé des siens et de leur éthique. Il est fasciné par l’ascendant de deux personnages exceptionnels, exemplaires et lucides : un jeune compatriote acquis à la science de l’Europe, et un général mandchou. Mais ce dernier mourra dans un combat singulier avec Tsao. Et pendant que les navires anglais contrôlent le littoral (pour sa défense, les Chinois n’ont su que peindre des yeux courroucés à la proue de leurs jonques), Tsao s’emploie à percer le secret des barbares : il croit le trouver dans des notes volées à un Français de Macao. Or il ne s’agit que d’une étude sur la laque : formule et propriétés chimiques. À travers l’effritement, puis la ruine totale de la famille Pao, le roman essaie de marquer une date et un passage. Passage - à gué - d’un temps lié à une économie générale de symboles à un temps désacralisé, de l’Idéogramme à l’alphabet, d’une pensée murée à une pensée en mouvement. Ce qui revient à opposer un Moyen Âge à une Renaissance, et, en définitive, un incommensurable à un autre incommensurable. Mais Les Yeux courroucés, c’est aussi le tableau singulier, vivant, émouvant d’une Chine à laquelle personne ne songe plus. Chine urbaine et artisanale, fermée sur elle-même, déchirée, subtile, cruelle, aveugle, pleine de férocité et de fioritures.
Caractéristiques
Editeur : Gallimard (réédition numérique FeniXX)
Publication : 1 janvier 1958
Support(s) : Livre numérique eBook [ePub], Livre numérique eBook [PDF]
Protection(s) : Marquage social (ePub), Marquage social (PDF)
Taille(s) : 594 ko (ePub), 86,1 Mo (PDF)
Code(s) CLIL : 3442, 3435
EAN13 Livre numérique eBook [ePub] : 9782072774201
EAN13 Livre numérique eBook [PDF] : 9782072774188
EAN13 (papier) : 9782070250677