Les jumeaux Poussin (la fille, ici la narratrice) et Micha (le garçon), depuis leur toute petite enfance, vivent au cœur d’une forêt — elle n’est pas nommée, mais les familiers reconnaîtront sans doute le splendide massif forestier de Mervent. Leur univers se borne à un jardin et à la grande maison qu’ils habitent en compagnie de deux adultes, Shark, le frère aîné, mystérieux et taciturne, adoré, et Mariette, une vieille servante. Un paysan, simple et peu bavard, est leur unique lien avec l’extérieur. Confrontés progressivement avec « le monde des autres », un monde inconnu qu’ils avaient imaginé à partir de leurs observations, ils vont peu à peu le reconstruire au gré d’expériences nouvelles, cruelles parfois, toujours (pour nous) révélatrices, jusqu’à ce que s’évanouisse LE ROYAUME D’INNOCENCE, cette forteresse de rêves qui les entourait de ses murs protecteurs. Les jumeaux ont 8 ans quand s’achève le récit. Cette reconstitution — si remarquablement graduée que nous avons l’impression d’avancer vers la solution d’une énigme — d’un univers enfantin exceptionnellement clos, a été jugée par des spécialistes, psychologues et éducateurs, d’une scrupuleuse et par là prodigieuse vérité, digne des chefs-d’œuvre que furent en leur temps, « Mon petit Trott » d’André Lichtenberger et « Decadi » de Paul Cazin.