Qu’est ce qui est inhibé dans l’homme, comment libérer les potentialités de chaque individu ? Voilà la question centrale posée par Lucien Bonnafé qui traite, au fond, des libertés et de la liberté tout au long de son œuvre, lui qui persiste à « demander la lumière à la région des ténèbres ». Toute réflexion de la part d’un psychiatre est enracinée dans un ensemble, et s’il vaut mieux prévenir que guérir les effets du « mal de vivre », on ne saurait réduire cette prévention à une dimension étroitement technique. Les textes ici rassemblés, s’ils témoignent à trente ans d’intervalle de la permanence de cette critique féconde de la psychiatrie, donnent à voir également la fertilité d’une pensée jamais dogmatique, jamais enclose dans les bornes d’un découpage professionnel du savoir. Aider tout un chacun à disposer librement de soi suppose l’examen minutieux des conditions oppressives de l’existence, la prise en compte du cadre de vie, du temps de vivre, de la relation humaine, du langage, de la poésie et des possibilités contenues en chacun de cultiver au mieux l’art de reconnaître et de combattre toutes les contraintes pour vivre plus libre. L’auteur s’est plu à emprunter au Paysan de Paris d’Aragon les paroles qui invitent, par les voies de l’amour, à une « grande résolution philosophique des ténèbres ».