«... Tous les jours, il arrivait des gamins meurtris et hagards. Ramenés par l’Armée Patriotique Rwandaise, l’APR. Les soldats les avaient dénichés collés les uns aux autres, terrés au fond d’une maison ou d’une fosse septique. On en trouvait d’autres agrippés à des troncs d’arbres, ou encore cachés sous les cadavres entassés dans les églises. Le plus étrange, c’était le silence. Pas un cri, pas un bruit, pas le moindre gémissement chez ces 110 enfants de tous âges, odieusement déchiquetés par des machettes, des grenades et des lances. La moitié d’entre eux étaient isolés, sans parents ni frère et sœur à leur côté. Ils gisaient là recroquevillés, immobiles. Ils avaient peur de se déplier, peur de leurs propres mouvements. Même ceux blessés au bras n’osaient plus marcher. S’ils avaient pu se fondre avec le matelas. S’ils avaient pu arrêter de respirer… » Blessures d’humanitaire est le cri de révolte d’une jeune femme, médecin humanitaire, présente au Rwanda lors du génocide de 1994. Un témoignage bouleversant sur les souffrances des enfants pourchassés, atrocement mutilés par des tueurs fanatisés, sur l’entêtement à soigner, soulager, arracher coûte que coûte quelques vies à la mort.