Nous deux c’est raté ? demande Nicolas à sa femme Lidia. Ils sont mariés depuis cinq ans. Il y a deux ans ils ont perdu leur petite fille. Cette blessure n’a fait qu’aggraver un malentendu latent entre eux : celui qui oppose la nostalgie du passé au goût de l’avenir. La nostalgie est du côté de Lidia, encore tout engluée dans son enfance, fascinée par un héros, un magicien : son père qui l’emmenait dans ses tournées de camionneur. Voilà le redoutable adversaire de Nicolas. Celui-ci est-il de taille à le combattre, à jouer les chevaliers éveilleurs de belle au bois dormant ? Il n’a rien d’un héros, lui, rien d’un homme exceptionnel. Résolument tourné vers l’avenir, fantasque, chimérique et bon, il a pour lui de croire au bonheur de vivre et d’identifier ce bonheur à l’amour de Lidia. Il se blesse à elle et la blesse. Jusqu’à ce qu’il lui propose de risquer le tout pour le tout, de repartir à zéro. Ultime exploit qui semble consacrer sa défaite. C’est alors que Lidia — caresse ou coup de griffe ?... ta main sur moi — donne un sens victorieux à la lutte, avec la force à la fois fragile et magique des recommencements.