Israël, pour un Chrétien, c'est tout à la fois le peuple de la Bible, celui de Jésus, donc la racine dont la sève nourrit son christianisme. C'est aussi le Juif errant, le peuple des ghettos, si longtemps humilié, vilipendé, massacré par les Chrétiens, l'éternelle victime de tous les antisémitismes, jusqu'au monstrueux génocide conçu et accompli par l'Allemagne hitlérienne. Enfin, c'est l'État juif rêvé par Hertzl, et réalisé par les pionniers du sionisme, rejoints par les rescapés des Camps de la mort et du ghetto de Varsovie.Face à ces réalités de l'Histoire telle qu'elle est, quelle doit être, aujourd'hui, l'attitude et le comportement d'un Chrétien ? À cette question, le Père Riquet répond, en évoquant le cheminement de sa propre réflexion à travers les expériences qu'il a vécues - dès sa jeunesse - dans une famille affiliée à l'Action Française, mais qui le mit également en contact avec Mgr Gibier, ami de Marc Sangnier, puis avec Jacques Maritain, enfin dans la Compagnie de Jésus, au sortir de la guerre 1914-1918. Il sera, pendant quinze ans, le guide spirituel des étudiants et médecins du Centre Laënnec, et participera avec eux au mouvement de Pax Romana, qui les oriente vers la résistance au racisme et à l'antisémitisme. Cette Résistance le conduit à faire l'expérience de la Déportation et du sort de ses frères israélites. Conférencier de Notre-Dame de Paris, pendant les Carêmes de 1946 à 1955, il y prend position contre l'antisémitisme, et oriente les esprits vers la déclaration du Concile de Vatican II sur l'Église et les Juifs ; entre-temps, il aura fait une douzaine de séjours en Palestine, avant et après la guerre des Six jours, mais il a également visité les pays arabes, de l'Arabie Saoudite au Maroc.Toutes ces expériences l'ont conduit à participer activement à l'amitié judéo-chrétienne, mais plus encore à cette Fraternité d'Abraham, qui ne se propose rien moins que de réconcilier dans une fraternelle collaboration, Juifs, Chrétiens et Musulmans, au Proche-Orient comme dans le monde entier.