On peut traîner des pieds, ralentir le pas tant qu’on veut, le bonheur c’est ce qui vous poursuit toujours et ne vous atteint jamais vraiment. Un jour pourtant, on risque de se faire coincer : c’est l’amour et c’est tellement bon. Alors il est recommandé de rester là au chaud, bien sage, gentil et tout, bisous, amour, bébé, dimanche chez tes parents, samedi chez les miens, le boulot parce qu’il faut, et l’appartement ou le pavillon de banlieue payable en vingt ans si tout va bien. On s’aime. On est des veinards. Inutile de regarder en arrière ou de vouloir sortir des rails. Quand un train est lancé tout le monde sait qu’il est dangereux de se pencher au-dehors. D’ailleurs si vous aviez comme moi la chance d’être myope, est-ce que vous pourriez seulement reconnaître au passage, tellement ça va vite, vos rêves encore si proches d’adolescente naïve ? Au cinéma, dans les gaies comédies de l’amour, le mot FIN s’inscrit toujours sur l’écran au moment où tout commence. Drôlement frustrant. Et c’est sûrement à cause de cette curiosité insatisfaite que j’ai voulu raconter le bonheur d’un garçon prénommé Séverin et d’une fille qui n’a que des noms d’animaux. Un bonheur aujourd’hui. Si c’est vraiment ça le bonheur… F.N.