Sorti premier de l'École diplomatique de Moscou, Alexandre Brodski envisage déjà une brillante carrière dans une grande capitale lorsqu'il est affecté au château de Beggen, la modeste ambassade soviétique au Luxembourg. Plus que l'Occident, troublante chimère, c'est la vie à l'intérieur de l'ambassade qui fascine le jeune diplomate. Pourquoi les antennes qui hérissent le toit du château ne sont-elles pas branchées ? Pour quelle raison donne-t-on priorité à ses analyses sur celles de l'ambassadeur ? De quelle machination est-il, à son insu, le jouet ? Questions qui préludent à une chute en solitude profonde, dernier garde-fou contre un pouvoir qui préserve, sous le délire, les apparences de la logique. Entre une soumission à une autorité aveugle et une dissidence à l'Ouest où il perdrait ses racines, quel salut pour Alexandre Brodski ? Dès lors, c'est à un drame de l'exil intérieur que Gil Bérart nous invite, au gré d'une écriture dépouillée qui ouvre les portes d'un envoûtant théâtre de l'absurde.