Voici le cinquième et dernier volume des Mémoires dans lesquels, sur la base de notes prises au jour le jour, l’ambassadeur de France Armand Bérard a fait le récit de quarante ans de vie diplomatique. Souvenirs combien riches et émouvants d’une période agitée, contribution précieuse à l’histoire de ces temps. Chaque volume se suffit d’ailleurs à lui-même. Après trois ans sur les mers alors orageuses de l’ONU (L’ONU oui ou non), à travers la guerre d’Algérie, les troubles du Congo, les heurts du Proche-Orient, l’ambassade du Palais Farnèse était un paradis. Où trouver résidence plus prestigieuse, capitale plus riche en chefs-d’œuvre et en souvenirs, pays d’une égale beauté, climat plus serein, population plus intelligente et plus amicale ? Concilier les vues d’une France gouvernée avec autorité et les tribulations d’une Italie ballottée entre les compétitions des partis n’était pourtant pas tâche facile. On s’en aperçoit en lisant ces pages. Le raconter n’était pas non plus aisé. Il fallait nécessairement entrer dans le dédale de ces luttes de groupements politiques, de fractions et de clans, au risque de déconcerter un public peu initié à ces affaires. Mais à ce prix seulement pouvait être faite œuvre valable et sincère. En se soumettant à cette contrainte, l’auteur a réussi à rendre compréhensibles les démarches de la politique intérieure italienne qui, encore aujourd’hui, nous déconcertent souvent. Comme dans les volumes précédents, Armand Bérard continue de camper avec maîtrise les portraits des hommes qu’il a rencontrés. Ayant parcouru avec ses amis italiens les sentiers muletiers des montagnes, il nous décrit avec talent les sites sauvages des environs mêmes de Rome, les floraisons éclatantes du printemps, les ciels incomparables de la Péninsule, la vie encore primitive des bergers. Ce nouveau volume n’est pas seulement une œuvre à connaître. C’est une œuvre qui durera.