Ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente, Angèle. Mais qui donc est-elle cette Angèle, petite secrétaire anonyme et si peu attirante ? Elle semble subir tout, tous et elle-même quand elle marche dans la rue, tête baissée, farouche. Pourquoi ce livre proscrit caché dans son sac à main et ce long voile blanc camouflé dans l'armoire ? Pourquoi aussi ces mots osés, obsédants dans son esprit ? Et surtout, où donc se rend Angèle si tard le soir alors que la ville d'Oran est dangereuse, vibrante sous l'affrontement de deux communautés ? Angèle semble réunir, malgré elle, tous les éléments qui engendrent la victime, et victime elle le sera, au plus profond, au plus douloureux. Mais ne le méritait-elle pas ? À moins qu'il s'agisse d'autre chose, de la destinée par exemple, comme l'augure Anna-Maria, l'imposante gérante de la pension El Mar. À moins que passion n'oblige, une passion démente de la chair, plaquée, collée aux idées et aux actes. La Loca est une tragédie à la manière classique où la passion souveraine et le hasard organisé sont traités avec une impressionnante rigueur dans la description et l'enchaînement des situations.