Du Parti socialiste on croit tout connaître. Voilà un parti où chacun parle, dont les congrès se tiennent à ciel ouvert — et qui peut ignorer la rivalité Rocard-Mitterrand et les petites phrases qu'ils échangent ? Et pourtant... Si le Parti socialiste était plus opaque qu'il ne paraît ? Si seul un homme du sérail, comme André Salomon qui fut délégué général et membre du Comité directeur, pouvait en connaître tous les détours et nous dévoiler la teneur de ces conversations de couloirs qui, dans les congrès d'Epinay à Metz, font la réalité politique ? Mais, bien sûr, l'essentiel n'est pas là. Même si le livre d'André Salomon nous donne enfin la connaissance des coulisses, et trace des dirigeants (les triumvirs Maurois, Mitterrand, Rocard) des portraits à la pointe sèche qu'on n'est pas près d'oublier. En fait, André Salomon, ancien de la Résistance et du Parti communiste, est l'un de ceux qui, dès 1966, ont permis la renaissance du Parti socialiste. Par ses contacts réguliers avec Edmond Maire et Michel Rocard, il fut l'homme qui permit les Assises du socialisme et, donc, l'entrée de Michel Rocard au sein du P.S. On comprend que certains ne le lui aient pas pardonné. On comprend aussi qu'André Salomon soit d'abord soucieux de l'avenir de son parti et des chances du socialisme à la veille des élections présidentielles. Il n'a aucun clan, aucun homme à ménager. Pour écrire ce livre, il a abandonné toutes ses responsabilités au sein du Parti socialiste. Il veut simplement dire ce qu'il sait. Il croit au devoir de déplaire. Non point par amertume ou ambition, mais simplement parce qu'il pense que les citoyens ont le droit de connaître comment fonctionne le Parti socialiste, qu'ils ont le droit de savoir ce que sont les hommes qui le dirigent. C'est à ces conditions que le Parti socialiste a des chances de gagner la bataille politique. À l'heure où, de tous côtés, on parle de la transparence de la vie publique, cette mise à nu est pour André Salomon le moyen de contribuer à l'essor de la démocratie en France.