Le soldat de 1965 est le premier à effectuer un service militaire, qui ne ressemble en rien à celui qu’ont connu ses prédécesseurs : c’est la nouvelle armée française qui s’aligne sur les techniques modernes. Et, dans quelques années, un jeune homme sur quinze sera appelé sous les drapeaux. Nous n’aurons plus besoin des autres, on ne leur trouverait pas d’emploi. Si le capitaine Hurluret revenait sur Terre, il ne reconnaîtrait plus cette « armée de Grand-Papa » dans laquelle il servit, à la Belle Époque : des femmes à la caserne, des militaires en civil, plus de chevaux, plus de marches d’épreuve, plus de sac au dos, des vêtements bien coupés, une petite chemisette durant l’été, le pli aux pantalons. Et quoi encore ? dirait-il... L’armée de Grand-Papa est morte. Demain, on l’aura totalement oubliée. Bien peu survivent encore de ceux qui passèrent dans ses rangs deux ou trois ans de leur jeunesse, de ceux qui firent la Grande Guerre avec elle. Il fallait rappeler qu’elle fut la plus belle de nos armées, et l’auteur s’y est efforcé. Il a tenté de faire revivre, une dernière fois, les principaux épisodes qui marquèrent les soixante-dix ans durant lesquels elle vécut, depuis les jours sanglants de la Commune de 1871, jusqu’à sa disparition en 1940. L’armée de Grand-Papa fut celle de la Troisième République, en képi-pompon et en pantalons garance. « C’était le bon temps, parce qu’on était jeune », disent encore les derniers vétérans qui racontent leurs campagnes sur les bancs des squares. Ses généraux, ses officiers, ses hommes de troupe, tous défilent pour une ultime parade dans ces pages pleines d’humour, et parfois d’émotion.