Dans le débat sur la drogue, les polémistes bruyants et dogmatiques tiennent le haut du pavé. De leur belle certitude idéologique, ils en appellent à l’opinion publique afin qu’elle sache juger. Sans s’interroger. Les auteurs de Territoires de la défonce, à contre-courant des discours obscurantistes ou démagogiques, en prenant appui sur leur expérience professionnelle, montrent comment le monde incertain et pathétique des jeunes “défoncés” se construit et se défait sur les failles et les incertitudes du monde des adultes ; sur les brèches culturelles d’une société vouée à méconnaître ses symptômes à travers le comportement suicidaire de ses enfants. Jean-Baptiste Domeneghini et Dani Domeneghini, tout au long d’une série de témoignages, denses et précis, qui remettent en question les lieux communs sur la “toxicomanie”, de réflexions sur le rôle et le travail des centres de postcure (notamment celui de Pierre-Nicole à Paris), dessinent ainsi l’approche multiple (sociologique, anthropologique, thérapeutique) d’un des phénomènes sociaux les plus aigus et controversés de notre temps.