Louis d’Authy reçut un matin une lettre ainsi conçue :

« Château du Val-Candos, ce 30 juin 185..

Mon bien cher ami,

Je vous attends mercredi au Val-Candos, et voici comment j’arrange l’affaire : Vous recevrez ma lettre lundi matin, je vous accorde une demi-heure pour vous livrer à l’étonnement, une heure pour faire des commentaires sur mon invitation, le reste de la journée pour écrire des lettres pressées et pour ranger vos papiers ; le jour suivant, je vous permets de faire quelques visites, d’acheter une pipe Kummer, des souliers à clous, un habit de coutil — achetez-le tout fait, je serai discret — puis vous réunirez quatre ou cinq amis, Charles de Lignières, Dominique, Francis de Bruneu, Dieudonné Malart, Charles-Jules d’Escault, vous chanterez mes louanges et ferez de moi un portrait flatteur ; après quoi vous arrangerez votre malle, en priant Malart de n’y pas jeter vos pincettes par distraction, et vous vous endormirez en bénissant Dieu d’avoir fait Louis d’Authy un si généreux et si loyal garçon, ceci est de rigueur.

Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIX^e siècle.