C’est l’histoire d’un homme - l’auteur -, professeur, adaptateur de théâtre qui, dans l’été de sa vie, doit se soumettre à un sondage cardiaque qui met en évidence la nécessité d’une opération à cœur ouvert. Dans le cadre inquiétant et drôle pourtant d’une salle commune, malgré l’agitation des infirmières harcelées, les péripéties du sondage cardiaque, l’homme sent le temps se figer ; les projets - de théâtre, surtout - se réduisent en poudre, la vie s’arrête autour de lui. C’est l’heure de vérité. L’homme se retrouve en Provence, dans une maison récemment achetée, promesse de vie qui peut-être ne sera pas tenue. Phase d’abattement que renforce l’explosion de l’été alentour. Mais est-ce le soleil de Provence, les soins qu’exige la maison, les amis retrouvés, les projets renoués dans le cadre du Festival d’Avignon, un contrat à honorer et une nouvelle adaptation à écrire ? Quoi qu’il en soit, le goût de la vie s’empare à nouveau de lui. D’une vie différente, pourtant, lestée d’un poids que l’autre n’avait pas, dans laquelle chaque instant, de par sa brièveté même, prend valeur d’éternité. Le second volet, après l’interlude provençal, ramène le lecteur dans le monde hospitalier. Recommence le temps de l’attente, mais d’une attente différente, non plus vide, mais pleine, moins anxiété que curiosité, occasion de retrouvailles amicales plutôt que de tourment solitaire, marquée au coin de l’espoir et de l’amour. Cependant, une longue péripétie dramatique confronte le lecteur avec les aléas et les mirages de la salle de réanimation, où, dans le bruissement léger des tentes à oxygène, le malade passe de l’espoir du rescapé à l’angoisse du condamné jusqu’à ce que tous les liens - drains, tuyaux, fils - tombent, jusqu’à ce que les stigmates s’estompent. Alors peuvent éclater la reconnaissance et la joie, que rythme le tam-tam allègre du cœur radoubé.