À soixante-douze ans, l’abbé Espinasse est un homme solide, toujours sur la brèche comme en produit cette terre corrézienne qui a vu se dérouler à Ussel, à Tulle, à Allassac, à Brive, à Bort-les-Orgues, toute son action sacerdotale. En 1976, après avoir été pendant vingt-cinq ans le curé aimé et respecté de Bort-les-Orgues, il a pris sa retraite à Tulle, près de la cathédrale, dont il est l’un des chanoines Aujourd’hui, se retournant sur ce qui a empli sa vie, il nous dit, de sa bonne manière directe et chaleureuse, ce que c’est qu’être prêtre, ce que c’est qu’être curé de paroisse en Corrèze — c’est-à-dire partout en France. Dans cette existence toute de travail et de simplicité, l’Histoire majuscule est entrée un jour de juin 1944, avec fracas : c’est le drame des pendus de Tulle. Dans cette terrible circonstance, il a pu, par sa présence parmi les otages, par son action — et, il faut le dire, au péril de sa vie —, sauver vingt et une des cent vingt victimes exigées par le commandant de la division « Das Reich ». S’il raconte l’affaire ici, c’est qu’elle est historique et l’un des événements de sa vie : à ses yeux, il n’a fait que son devoir de prêtre — comme il a fait tout au long des années, vicaire, aumônier, curé ; comme il continue à le faire. Ce livre nous le montre dans le quotidien de son sacerdoce. Auprès des enfants, des jeunes gens, des femmes, des hommes, de la naissance à la mort. Dans ses relations avec les autorités civiles et religieuses et pas toujours faciles, les rapports avec sa hiérarchie ! A travers le grand mouvement de rénovation de l’Église depuis Vatican Que de questions, de problèmes, de difficultés ! Quelle persévérance et quelle foi ! Un prêtre « très ordinaire » nous parle de son « métier », tout simplement. Son récit vient enrichir le portrait de cette France « profonde » qui est au cœur de chacun de nous.