Moïché a 9 ans. Ses parents sont des Polonais émigrés. Ils vivent à Paris, dans le quartier de Charonne, village juif au cœur de la capitale, avec ses traditions, son petit peuple haut en couleur, où chacun se connaît et s’interpelle d’une fenêtre à l’autre des ruelles étroites. Moïché, comme tous les enfants de son âge, fait les quatre cents coups. Ses parents l’adorent, mais quand il s’est rendu particulièrement insupportable, sa maman l’appelle Hitler, mon méchant Hitlériniou... Une sorte de dédoublement se produit peu à peu dans l’esprit de Moïché ; il y aura le bon petit diable — Moïché — et le vilain petit démon : Hitlériniou. Hitlériniou, une mèche sur le front, un carré de moustache sous le nez, parcourt les rues du quartier en criant « Sieg Heil ! » — il prononce « cigale » —, traçant des « Mort aux Juifs » sur les murs. Dans le « village », c’est presque l’émeute : ses camarades de classe le poursuivent, Moïché se réfugie chez un vieux cordonnier, où ses parents viennent le rechercher. Mais, à l’école, un autre enfant va le traiter de « sale Juif ». Moïché a compris : il effacera la fameuse petite moustache. Hitlériniou est mort. Sous le masque de l’humour et de l’ironie, c’est, à chaque page de ce roman (en grande partie autobiographique), la chaleur de l’amitié, le souffle d’une tendresse pudique, l’évocation d’un bonheur menacé, qui étreignent le lecteur. Alain Spiraux nous fait revivre les années merveilleuses de l’enfance — son enfance — quand les petits Moïché de Charonne ne portaient pas encore d’étoile sur leur tablier.