Depuis la dissolution de l'Assemblée en juin 2024, l'ex-Premier ministre Gabriel Attal garde le silence. Le nouveau patron du parti Renaissance cherche-t-il à complexifier un personnage perçu comme trop lisse ? Pour percer les mystères et les ambitions de cet homme, Bérengère Bonte a mené l'enquête, inspecté son passé, interrogé son entourage et Gabriel Attal lui-même.
Peu de gens imaginaient que Gabriel Attal, étiqueté depuis toujours " très bon communicant ", pouvait aussi se taire. Au début de l'hiver 2024, celui qui avait été le plus jeune Premier ministre de la Ve République à 34 ans coupe pourtant les micros. Cherche-t-il à complexifier un personnage perçu jusque-là comme (trop) lisse ? Durant les six ans passés dans cinq ministères (dont Matignon), le jeune homme pressé a eu coutume de se faire entendre sur quelques marqueurs lisibles – certains disent simplistes. Aux comptes publics, il s'attaque à la fraude et, à l'Éducation, à l' abaya . Cette fois, le nouveau patron du parti Renaissance n'a rien à dire et il le revendique.
Né d'une PMA, créateur du fan-club d'Orelsan à l'Assemblée, le plus jeune ministre de la Ve est aussi le premier chef du gouvernement juif séfarade par son père, chrétien orthodoxe par sa mère. Gay outé et premier à l'assumer lors de sa déclaration de politique générale, il s'attaque au harcèlement scolaire, raconte à la télévision en avoir été victime. Mais qui est ce " jeune qui parle comme un vieux " aux dires de la gauche, ce trentenaire millionnaire qui fit la une du New York Times ? Doit-il sa nomination comme Premier ministre à son âge, arme générationnelle anti-Bardella, autre expert des réseaux sociaux qu'il connaît bien ? Est-il le clone d'Emmanuel Macron, comme l'ont répété les fans autant que les trolls ? Ou son rival assumé depuis que le président a dissous l'Assemblée sans le prévenir ? Est-il agneau ou loup ? Drôle ou anxieux ? Shakespeare ou Tik Tok ?
De l'École alsacienne à l'île aux Moines en passant par les Hauts-de-Seine, la Corse ou le Canada, Bérengère Bonte explore le parcours d'un cumulard qui, non content de présider le groupe parlementaire macroniste, a aussi fait main basse sur le parti Renaissance pour lorgner 2027. À travers une soixantaine d'entretiens dans la sphère privée, étudiante ou politique et des échanges avec Gabriel Attal lui-même et son entourage, le livre raconte cette nouvelle race d'homme politique, fils d'un producteur de cinéma de gauche difficile à situer lui-même sur l'échiquier politique.