Le monde agricole et rural a la réputation d’être fermé, replié sur lui-même et particulierement méconnu. Cette réputation est, en particulier, accrue par l’absence d’études sérieuses de ce milieu, de ses mœurs, de ses groupements. Le monde rural, en effet, n’a semblé attirer - jusque là - que des romanciers charmés par certains aspects de la vie champêtre ou, dans les premières années de ce siècle, des hommes qui voulaient justifier leur action politique et sociale. Les ouvrages objectifs et scientifiques se limitent presque à l’œuvre de Michel Auge-Laribe. Louis Prugnaud, dans « Les étapes du syndicalisme agricole en France » retrace comment le syndicalisme paysan, bien que fortement poussé par des courants politiques divergents, a pu rendre à l’agriculture d’importants services économiques, avant d’aboutir, après bien des vicissitudes, au syndicalisme combatif dont les manifestations retiennent l’attention du gouvernement et de l’ensemble de la nation. Cet ouvrage était depuis longtemps attendu par les milieux ruraux qui, jusqu’à présent, n’avaient pas en leur possession une histoire maniable du syndicalisme agricole. Mais il intéressera aussi tous ceux qui estiment que les paysans français — à qui les hommes politiques ont trop fait souvent jouer le rôle de toile de fond — sont, aujourd’hui, parmi les principaux acteurs de la vie économique et politique. Le renouveau spectaculaire du syndicalisme agricole de ces dernières années fait, du milieu rural, l’une des forces les plus vivantes de la nation.