Charles Haddad de Paz a ajouté, à son nom paternel, le nom de sa mère, pour unir ses deux parents dans une seule et même affection. Avocat de profession, ayant passé la majeure partie de sa carrière en Tunisie, il se retrouve de ce côté de la Méditerranée, après avoir dirigé - durant onze années - comme vice-président d’abord, comme président ensuite, la grande communauté juive de Tunisie, qui comptait jusqu’à 120.000 âmes. Cette communauté qui, de Djerba à Carthage et Salambô, a fait corps avec la terre tunisienne durant plus de deux mille années, la voici déracinée, parce que acculée à choisir entre le pain et la liberté. C’est lorsque cette liberté s’est heurtée aux difficultés nées de l’affrontement du Moyen-Orient, que le vent de l’errance s’est levé pour la communauté. Mais l’auteur, quoique déraciné, quoique déchiré de quitter ses vivants et ses morts, garde une tendresse particulière pour son pays natal et pour ses concitoyens d’hier, avec qui il n’a eu que des relations fraternelles. Et sa vision de Sidi-Mahrez, le protecteur des Juifs du XIIe siècle, est faite de gratitude et aussi de conviction que la co-existence entre Juifs et Arabes, qui fut une réalité d’hier, peut devenir une réalité demain quand Israël sera en paix. Et, à son tour, de dire - comme le Président Bourguiba - malgré les ombres et à cause des lumières : « Pourquoi pas ? ».