Cet ouvrage propose une lecture globale des Caractères selon un concept mythique au XVIIe siècle : l’esprit. La notion, à la polysémie parfois fuyante, encore disséminée parla discontinuité du texte, structure l'œuvre et ne cesse d'intriguer le lecteur. Les déceptions de la réalité, au regard de l'idéal que représente l'esprit, déterminent, comme par compensation, les principes d'écriture de La Bruyère. L'esprit du style —l'ingéniosité verbale, l'ironie—est l'expression d'un regard critique efficace ; loin de la pesanteur du traité et conformément aux lois de la conversation, « Les Caractères » s'attache à donner de l'esprit à ses lecteurs. Les mérites de l'esprit et du cœur pouvant seuls définir une humanité accomplie, l'œuvre invite à une lecture originale, gage d'un dialogue moral entre l'écrivain et son public. Ses remarques sont autant d'exercices de l'esprit, ouverts à la méditation.