« À première vue, il paraît dérisoire de défendre le manuel scolaire et de s’en prendre ouvertement à ses assassins : le manuel n’a pas bonne image et c’est, apparemment, un bien mince sujet. Pourtant, il existe des enseignants qui prétendent enseigner sans livres, des pédagogues qui les encouragent à le faire (tout en farcissant eux-mêmes nombre de manuels de leurs âneries) et un État, un moins d’États il est vrai, qui laisse faire, cautionne même et gère, de plus en plus bureaucratiquement, cette dévaluation et cette inflation. De là l’invasion de la classe par l’hydre aux cent têtes, multiple, multiforme et multicolore : l’outil pédagogique. La bibliothèque devient docu. Au mur sont affichés des dazibaos ; sur le plancher évolue la tortue. Dans ce fatras, le livre est noyé ; souvent même il est absent. Et qui, s’il vous plaît, prive-t-on ainsi de cet instrument de libération intellectuelle qu’est le livre, qu’est le premier livre ? Les enfants ; et les enfants, ce sont, par définition, les vôtres. Alors, s’agit-il toujours d’un mince sujet ? » M.-C.B. et J.-P.D.