Aborder la Chine du XVIIe siècle, quelle aventure pour des Missionnaires d'Occident. L'Empire du Milieu barricade ses portes à toute influence de l'Europe, à l'Évangile aussi, semble-t-il. Les armes pourraient les forcer peut-être. Trouveraient-elles le chemin des cœurs ? Le P. Ricci et ses compagnons réussissent ce miracle par le respect et l'amitié. Avec une patience héroïque, ces savants et humanistes restent les hommes de la rencontre.Pour eux, la mission est présence et dialogue, même dans les situations les plus désespérées. Ils se laissent assez apprivoiser par leur pays d'adoption, pour marquer à leur tour sa culture. Plutôt que de l'importer, comme une civilisation étrangère, ils rêvent de faire naître le christianisme au cœur de la vie chinoise.Autour d'eux, la polémique va bon train. Leurs contemporains chrétiens n'admettent pas qu'on délaisse ainsi les traditions de la chrétienté européenne. Ils reprochent, aux pères jésuites, de ne pas courir au-devant du martyre, de célébrer la tête couverte, et de porter la robe des lettrés chinois. De vives querelles de rites vont compromettre l'éveil d'une civilisation chinoise chrétienne.Le récit passionnant du Père Dunne pourrait être de notre temps, n'était cette saveur particulière de la vie et des péripéties politiques qui caractérisent la Chine du XVIIe siècle.