Le socialisme semble bénéficier, en France, d’une sorte d’immunité spéciale. Alors que, depuis quelque temps, il n’est plus guère de bon ton d’afficher des sympathies communistes, le socialisme est toujours considéré comme très chic dans la bonne société politique, et le « bon socialiste » tient à peu près, dans la conscience éclairée, la place qu’occupait le bon sauvage il y a deux siècles. S’il arrive qu’on le critique, c’est surtout pour déplorer ses mauvaises fréquentations communistes, qui risquent de compromettre ses intentions les plus pures. Jacques Rougeot a voulu réagir contre cette attitude timorée ou complaisante. Pour cela, il n’a pas eu besoin de s’appuyer sur des révélations de coulisse ou des insinuations personnelles : il lui a suffi de passer au crible les positions prises par le Parti socialiste sur les grands sujets qui engagent le sort du pays. À chaque occasion, au-delà des apparences diverses et contradictoires, un mot s’impose pour caractériser l’esprit socialiste, celui d’irresponsabilité. Comment s’étonner dès lors que M. Mitterrand, si profondément identifié à son parti, apparaisse, au fil des pages, sous les traits d’un homme d’État en négatif ?