Deux notions doivent être retenues de prime abord : — si on exclut les décès par accident, le suicide est officiellement la deuxième cause de mort de 15 à 19 ans, et la première de 20 à 24 ans ; — en réalité, le chiffre est plus élevé, le suicide étant bien souvent camouflé volontairement par la famille ou la société, voire par le sujet lui-même. Or les travaux scientifiques sur cette question sont relativement rares. On pourrait presque parler d’un tabou. L’adolescent suicidaire provoque le maximum de peur, éveillant inconsciemment le sentiment d’un phénomène contre-nature. L’adolescence est pour tous synonyme d’énergie, d’enrichissement, de joie, c’est-à-dire de tout ce qui attache à la vie. Comment peut-on alors penser à la mort ? C’est oublier que l’adolescence est aussi, sous l’effet de la maturation pubertaire, reprise et liquidation du complexe d’Œdipe, pertes multiples et quelquefois désespérance en même temps que reviviscence des pulsions les plus enfouies. Pour tous ces motifs, ce livre, fruit d’un travail de plusieurs années, est avant tout une contestation des idées reçues, non dans un reniement systématique mais pour écarter ce qui n’est pas confirmé par l’observation et restituer dans une nouvelle perspective ce qui est confirmé. En conclusion l’auteur souligne que s’il a dû isoler tout ce qui concerne la mort et le suicide, résumer l’adolescence à ces aspects serait une erreur. Ils doivent être replacés dans le contexte riche et varié qui est celui de l’adolescence en général.