« Je reste plantée là tandis qu’elle repart faire les commissions. [...] J’ai l’impression que des heures s’écoulent. Je reste immobile, éclairée par l’ampoule faiblarde. Mon regard se tourne de l’autre côté de la rue, les lampadaires me font penser à la petite fille aux allumettes, moi aussi j’ai le cœur gelé, je suis toute seule. J’observe mon école fermée depuis des heures et son grand portail en fer forgé. « École des filles. » Ce matin, la maîtresse m’a accroché le cahier d’écriture dans le dos, parce qu’il est sale et brouillon. Je ne fais pas des jolies lettres comme mes camarades.

— Tu ne t’appliques pas, a-t-elle dit.

Maman ne revient pas. Je ne me rends pas compte si elle est partie depuis une heure ou davantage. Comment lui raconter cette histoire du cahier sans la mettre encore plus en colère. C’est à cause de moi que maman est malheureuse. »

La greluche est un roman dont le personnage principal lutte contre diverses oppressions, afin de trouver une liberté qui lui est propre.


Dominika Pust est engagée dans différents collectifs artistiques (en tant que clown, dans le domaine des contes ou encore au Théâtre de l’Opprimé) et anime divers ateliers créatifs au sein de structures d’éducation populaire. Elle a coordonné et mené de nombreuses actions socio-éducatives et culturelles en milieu urbain durant la majeure partie de sa vie. Écoutant chuchoter le monde qui se croise au cœur des quartiers, elle y découvre comment le théâtre de la vie se raconte dans un langage universel. Elle se prend alors au jeu des « mots vrais » et se met à écrire.