Un étranger dans la ville... C’est l’impression qu’éprouve souvent Max Ferral depuis qu’il a rejoint les hommes ordinaires, les horizons courts de son pays... Sans diplômes, sans relations, sans références, il cherche du travail. Et, par l’amicale des « affreux », il finit par en trouver. Le voilà, enfin, chez les « superbes ». Successivement garde du corps d’un homme politique, inspecteur des ventes d’un grand quotidien du matin, fondé de pouvoir d’un promoteur immobilier, il fait, patiemment, tenacement, âprement, son apprentissage de « civil ». Pas facile quand, trente ans durant, on a traîné ses bottes dans tous les combats douteux des guerres à mercenaires... Sans compter qu’à Paris et ailleurs, il explore aussi de drôles de jungles ; et qu’il côtoie de foutus rombiers ; et qu’il met les pieds dans de sacrées gadoues ! Mais quoi, n’a-t-il pas décidé de se tailler, lui aussi, sa place au soleil des nantis, faire sa pelote, épouser Marie-France de Nanteuil et rouler Mercedes ? Alors, à chacun sa morale. Qu’on lui foute la paix et lui, Ferral, ne se mêlera pas de refaire le monde à son idée. D’ailleurs, n’a-t-il pas, toute sa vie, été un homme à vendre ? Un homme à vendre ? Mariette, une vieille amie du temps des tumultes, le rabroue vertement : « Quel con ! Et ça se prétend lucide ! Tu es entouré d’hommes à vendre et le seul qui ne le soit pas, c’est toi, justement... » Or, voici que les puissants que Ferral servait scrupuleusement, sans se poser jamais de questions, menacent dangereusement les seuls êtres qu’il estime et qu’il aime... Roman d’action et roman psychologique, ce livre nous entraîne, à travers les aventures, les angoisses de son héros, dans le monde aussi effrayant qu’influent des « promoteurs », symbole peut-être de notre temps impitoyable. On retrouve, dans « Un homme à vendre », le ton fort, la vision aiguë, le sens du combat fraternel, enfin l’écriture nerveuse et attachante, qui ont fait le succès de « Julien ou la route à l’envers » et de « La marée montante », les précédents livres de Philippe Ragueneau.