Pierre Rocalve, ancien ambassadeur de France dans divers pays arabes, a voulu témoigner, par son travail enrichi de son expérience, des affinités religieuses, et plus largement, philosophiques, existant entre islam et christianisme, à travers l'œuvre de Louis Massignon que sa foi chait, rappronon sans contradictions d'ailleurs, de ces deux religions. Ceux qui connaissent Louis Massignon savent la place importante que l'Islam jouait dans la vie de cet orientaliste. Ainsi, l'Islam était pour lui non seulement un objet de recherche sur lequel s'exerçait l'œil critique du savant et de l'érudit, mais aussi un moyen d'appréhender l'Autre dans une optique ménique oecuet mystique. Pierre Rocalve met bien en valeur cette ambivalence de l'approche de Massignon, entre science et foi comme entre attrait vers l'islam et désir de l'incorporer dans la religion de la Croix. Double défi, double contradiction. L'auteur, bien que bon arabisant, ne s'est toutefois pas aventuré dans la critique historique et théologique des textes à partir desquels Massignon a analysé l'islam - ce travail ayant déjà été entrepris par d'autres -, mais a préféré concentrer sa réflexion sur l'aspect subjectif de l'expérience du grand orientaliste. Le lecteur découvrira donc le parcours personnel de Louis Massignon à travers son expérience d'homme confronté, d'un côté, à une foi chrétienne ardente (voire même prosélyte), et de l'autre, à un besoin d'aler à la rencontre du frère sémite que l'expérience abrahamique a tenu, pour reprendre les termes de Massignon, à l'écart du mystère de la Croix. On le voit, le travail de Pierre Rocalve doit être compris non pas tant comme une relecture critique de l'œuvre du Maître que comme un témoignage humain éclairant, et nécessaire en ces temps d'intolérance religieuse.