En 1900 Charles Maurras lançait dans les colonnes de « La Gazette de France » une enquête sur la Monarchie. Il s’adressait à un certain nombre de personnalités du monde de la politique, des lettres et des arts et leur posait la question : « Oui ou non, l’institution d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée n’est-elle pas de salut public ? » Il commentait leurs réponses ; au cours de ce dialogue s’élaborait ainsi un néo-royalisme qui ne s’appuierait plus sur la nostalgie de l’Ancien Régime et des fidélités sentimentales mais sur les conditions de sauvegarde de la nation française et de son héritage de civilisation. L’Enquête sur la Monarchie demeure encore aujourd’hui un ouvrage de référence pour quiconque veut connaître la pensée royaliste au XXe siècle. À l’occasion de la célébration du Millénaire capétien en 1987 et du prochain Bicentenaire de la Révolution, Pierre Pujo a voulu faire le point de la question monarchique, en lançant à son tour une enquête. Il a demandé à 58 personnalités, fort diverses, dont cinq membres de l’Académie française, leur point de vue sur l’Ancien Régime et sur la Révolution mais aussi sur la possibilité d’une restauration monarchique en France. Chaque réponse est commentée à la lumière des idées que l’Action française s’honore de servir. Comme Charles Maurras au début du siècle, Pierre Pujo traite de la Monarchie non en fonction de préférences personnelles, mais par rapport à la France. Écartant toute polémique, il s’attache à souligner dans les réponses de ses correspondants tout ce qui va dans le sens d’un consensus. Cette nouvelle enquête montre la vitalité de l’idée monarchique en France qui est par ailleurs attestée par l’afflux des jeunes dans les organisations de l’Action française. Aujourd’hui, la Ve République s’épuise dans la lutte des factions et s’avère incapable de procurer à la France un chef d’État impartial, bénéficiant d’une continuité à long terme et garant aussi bien des grands intérêts nationaux que de la sauvegarde des libertés. La Monarchie apparaît à la fois comme répondant aux nécessités nationales et aux aspirations plus ou moins conscientes des Français, lesquels sont beaucoup moins républicains qu’on le croit généralement. Six des douze pays de la Communauté européenne sont en monarchie, et ils s’en trouvent bien. Pourquoi la France qui possède la dynastie la plus prestigieuse d’Europe n’aurait-elle pas aussi son roi ? La Monarchie demeure la chance de l’avenir français.