À 16 ou 20 ans, ils ont quitté leur ferme de l’Iowa ou leur village scandinave pour tenter l’aventure à « Paris-sur-mode ». De l’autre côté du miroir, les petites filles modèles comme les grands adolescents « bodybuildés » entament un véritable parcours du combattant. Leur seul port d’attache, c’est l’agence. Précipités sous la toise, contrôlés au centimètre près, jaugés selon les critères de beauté du moment, ils sont jetés dans la fosse au business, avec, comme seul passeport, leur image dans un portfolio. Sans toit ni loi pour les protéger, soumis à l’arbitraire de la profession, contraints de séduire à tout prix, les mannequins ne sont autorisés qu’au culte d’une image qu’on ne cesse de leur voler. En proie au doute, pris au piège de l’apparence, dans le souci permanent de leur beauté, certains de ces accidentés de la mode trompent parfois leur solitude et leur malaise dans le champagne ou la cocaïne, d’autres se blindent pour s’élever, à force de travail éperdu, au rang des stars internationales. Prisonniers de leurs rêves et de nos fantasmes, bousculés par le temps qui passe, ils n’ont plus qu’une ambition : en tirer le maximum d’argent. Leur revanche. Une fois leur image consumée par les flashs, ils en retrouveront une autre ailleurs, plus tard, de l’autre côté du miroir.