De sa table de travail placée devant une fenêtre, le narrateur décrit d’abord ce que lui propose le champ de sa vision : une rue montante, des passants et des maisons, les meubles et les objets dans la chambre. Et voici le point de départ et de retour d’un extraordinaire voyage intérieur où se mêlent les pouvoirs de l’espace et du temps, de la mémoire et de l’imagination. Car l’écrivain, immobile, se trouve comme planté soudain au centre d’un miroir brisé, dont chaque éclat doit être exploré dans ses profondeurs puisqu’il représente un fragment de la vie du monde. Ainsi le lecteur passe-t-il de l’Allemagne (avec Wilhelm Albricht) au Portugal (avec le Révérend Père Gonzalves), des Flandres (avec Carloo Verhagen) à la Hollande (avec Balthazar et Pieter Barneveldt), de l’Italie (avec Thomas Northerton) en Andalousie, de la Yougoslavie à l’Autriche, d’un monastère grec au Nordland, de l’Irlande à Stamboul. Miroir brisé où l’esprit créateur accomplit sa quête, miroir retrouvé, tous les destins en étoile viennent y converger en un point de ferveur passionnée, celle de l’écrivain qui, tour à tour, vit à travers chacun de ses héros, et celle de ses héros qui vivent à travers lui.