Malgré son extrême jeunesse (elle n’est pas encore pubère), Blandine Benjamin commence à trouver la vie un peu fade. Ce qui se donne comme simplement bon ne la satisfait pas. Les fleurs sont multiples et diversement coloriées, se dit-elle en se tournant vers la beauté. Mais, si manger des roses constitue une image plaisante, cette joliesse-là ne parvient pas à combler son manque essentiel. C’est à ce moment de la déception décisive qu’intervient le Grand Expert du Corps, l’éminent spécialiste des mouvements vitaux élémentaires, Auguste Naussans. Le Dr Naussans amène la fillette à découvrir le Sel, ce qui anime la vie entière de la planète, la substance première à partir de laquelle chaque chose naît et meurt : le sperme est la substance primordiale dans laquelle réside le ressort essentiel et immortel du désir. Maintenant Blandine a un avantage sur les autres : elle connaît la formule du bonheur. Mais où la trouver ? La formule est unique. C’est pourquoi Blandine ne peut aimer qu’un seul homme, celui qu’elle nomme son géniteur. L’Infante s’écrit et se lit comme le déroulement de la passion, déploiement portant au grand jour le vrai visage de toute passion : l’inceste. L’autre nom de l’inceste pourrait être : musique.