Pour un petit éducateur de rue de rien du tout — qui a vu 68 — se faire traiter « d’flic refoulé » par un punk de chez Dior, baptiser par une bande de loubards, materner par un prince canadien, défigurer par des écologistes, et posséder par des jeunes filles en fleurs du mal, ce n’est vraiment pas ça qui peut vous requinquer. Surtout quand les Gauchistes se mettent à croire au père Noël, que les ordinateurs se prennent pour des artistes-peintres, que les voyantes sont des aveugles, et que les sourds ont la puce à l’oreille... Alors, vient le moment où on laisse tout tomber, pour se laisser rouler par la grande vague de la folie universelle. Mais il arrive, parfois, que le hasard s’en mêle, jusqu’à vous entraîner dans le lit du beau linge. Et vous vous retrouvez entre les bras du grand amour de votre vie, ou dans le labyrinthe du crime, près du Diable en personne. Un tel entracte tout en couleurs dans votre destin blême, transforme le bonhomme en profondeur, et vous donne envie d’en écrire le récit, même si vous sentez bien que quelqu’un d’autre écrit déjà dans votre dos. Après tout, écrira bien qui écrira le dernier ! D’aucuns prétendent qu’Arthuro C. n’existe pas ; d’autres que, sous ce nom, se cache un écrivain célèbre. Les bruits les plus farfelus courent : il aurait publié plusieurs romans-photos métaphysiques ; il aurait écrit plusieurs pièces de théâtre, dont une opérette. On laisse entendre que c’est un sculpteur-photographe du type féminin, et qu’il joue du cornet à piston dans la rue. D’autres prétendent que c’est un honorable professeur, une respectable psychologue mère de famille. Certains vont jusqu’à dire qu’il ferait partie de la secte ultra-secrète de la Pie Rouge... Nous qui aimons, bataillons, et buvons avec lui tous les jours, nous pouvons dire - à ceux qui en doutent - qu’Arthuro C. est vivant ! Bien plus vivant que les fantômes qui hantent notre galère...