En 1981, Philippe BERNARDET participe au Programme Man and Biosphère de l'UNESCO sur le « Fonctionnement et !'Utilisation des Savanes de Côte-d'Ivoire » pour se consacrer à l'étude de l'éle­vage traditionnel extensif en savane humide. Un an d'enquête parmi les différentes ethnies du Nord de la Côte-d'Ivoire lui permet de met­tre en évidence toutes les particularités et la spécificité des éleveurs peuls nouvellement installés. Cet ouvrage montre ainsi l'ingénieuse association de l'élevage et de l'agriculture développée par les Peuls. Pour l'auteur, la dissémination des unités d'élevage en savane est directement liée à la disparition des classes serviles sous la pression coloniale et à la volonté des éleveurs de n'assurer, dans le secteur pro­ductif, que des tâches de gestion en se déchargeant le plus possible de telles d'exécution. Les récentes migrations peules résultent également du même processus où, aux contraintes issues des déséquilibres écolo­giques telles les récentes sécheresses de 1970 et de 1983, répondent les pressions sociales et économiques provenant de la refonte des grands équilibres politiques.  
C'est ce procès que l'auteur tente d'établir ici en insistant sur les diverses stratégies individuelles et familiales. Paradoxalement, l'inten­sification de l'agriculture apparaît alors davantage comme le fait des éleveurs contraints, d'une façon ou d'une autre, à se sédentariser, que des agriculteurs.