De vieux manuscrits, couverts de poussière et de toiles d’araignées, dormaient au fond d’une malle. Ils furent rédigés par François Bernoyer, chef de l’atelier d’habillement des troupes françaises en Orient. Sous la forme de 19 lettres, qu’il écrivit à sa femme et à son cousin, il nous apporte un témoignage complètement inédit sur l’expédition de Bonaparte en Égypte et en Syrie. Natif d’Avignon, François-Martin-Noël Bernoyer figure sur le registre des baptêmes de la paroisse Saint-Pierre, à la date du 24 décembre 1760. Quand il s’embarqua, il était dans sa trente-neuvième année. L’ouvrage, dans un style vivant et direct, donne une dimension nouvelle à l’expédition : mille détails sont tirés de l’oubli, et mille aspects ignorés des historiens apparaissent au grand jour. De plus, il nous montre comment Bonaparte agit, commande et organise ; comment il gouverne, récompense ou punit ; déjà, il incarne la France en Égypte et en Syrie. Par ailleurs, Bernoyer nous conte avec minutie ses aventures romanesques, ou les amours des généraux et de Bonaparte, mais il nous fait également revivre la fatigue des soldats, leur grogne, leur ivresse après les victoires, et leur découragement après la défaite devant Saint-Jean d’Acre. Républicain convaincu, Bernoyer porte un jugement sévère sur le jeune et ambitieux général en chef et, à la lumière de ce livre, Bonaparte nous devient plus familier. Nous assistons aux premières étapes de la marche qui le conduira au 19 Brumaire, au pouvoir suprême et à la gloire impériale.