«  Peut-être que c’est lui qui m’a rendu malade. Peut-être que c’est moi. Peut-être que c’était à Tunis. Au fond, peu importe, il n’y a ni cause ni coupable. Il n’y a qu’une chaîne interminable d’hommes et de femmes qui sont tombés, l’un après l’autre comme une longue ligne de dominos.  »
Dans la famille d’Ahmed chacun se tait et fait semblant. Le père, la mère, la tante Fedia, le frère, Ahmed lui-même, tous ont bâti de beaux barrages de normalité qui leur permettent de sauver les apparences alors qu’ils ne sont que solitude et secrets  : l’un dissimule ses maîtresses, l’autre son ennui, un dernier ses amours.
À dix-sept ans, Ahmed a choisi de quitter les siens et de se rendre à Paris pour ne plus avoir à se cacher. Pourtant il a su tout de suite qu’il était attaché à Tunis par une ancre tranchante de tendresse, d’enfance et de soleil. Et dès qu’il a pu, il est revenu et il s’est accommodé des mensonges, des mondes clos, des silences.
La maladie vient tout balayer : s’il veut continuer à se taire, il doit partir, retrouver l’anonymat de Paris et  son amie Amal qui, elle, a choisi de ne plus revenir à Tunis, de ne jamais ouvrir les lettres de sa mère, de se construire une existence neuve, d’aimer Yasmine et l’Italie sans compte à rendre, sans famille à honorer.
Mais pour Ahmed, Paris est un musée de souvenirs, l’amie s’est éloignée, les amants ont disparu  : est-ce qu’il ne serait pas temps de rentrer vraiment à Tunis, de rompre les silences, de livrer bataille contre soi et les autres  ? De dire enfin qui il est...