Simonne Fabien connaît bien les médecins. On se souvient de ses récits : Tu seras un homme, Ces profondeurs qui nous habitent, dans lesquels elle racontait la terrible lutte qu’elle a menée, pendant des années, aux côtés de médecins d’élite, contre la maladie et l’infirmité de son enfant — et contre la mort qui le menaçait. Une telle aventure, qui n’exige pas seulement le recours à des techniques perfectionnées mais de l’audace et une vigilance attentive du cœur, donne un grand poids et l’accent d’une authenticité chaleureuse aux avertissements que Simonne Fabien adresse aujourd’hui aux médecins. Ceux-ci sont probablement les Titans du monde moderne. Alors, qu’ils prennent garde à tous les dangers que recèlent leurs pouvoirs ! Car leurs efforts pour contrôler la machinerie de nos organes, de notre système nerveux, de notre psychisme, les entraînent à ne plus voir en leurs patients que des machines, justement. Des machines qu’il faut maintenir en état de marche coûte que coûte ! C’est ainsi que des milliers de malades ou d’enfants, voués à être des handicapés physiques et mentaux, sont contraints à « survivre ». Et pourtant, les médecins n’ignorent pas que les uns mourront dans des conditions pitoyables, à plus ou moins brève échéance, et qu’ils condamnent les autres à une existence dont ils seraient horrifiés pour eux-mêmes... Le plus grave, proclame Simonne Fabien dans ce livre qui est à la fois un plaidoyer en faveur du « droit à la mort » et une analyse du rôle du praticien aujourd’hui, est que les médecins ont tendance à perdre de vue ou à dénaturer le mystère de l’homme, le leur et le nôtre, à oublier que, gens de science, ils doivent être aussi des hommes devant d’autres hommes.