Pourquoi s'intéresser à une conférence qui s'est tenue il y a plus de quarante ans et n'a duré que huit jours ? Parce qu'il n'est pas certain que l'on sache, aujourd'hui encore, ce qui s'est réellement passé ces jours-là, du 4 au 11 février 1945, en Crimée. Trois versions existent de Yalta : celle du partage de l'Europe entre les superpuissances — version très répandue en France ; celle de l'Europe libérée aspirant à la révolution — version courante en U.R.S.S. ; jugement enfin de divers historiens américains, selon lesquels la conférence de Crimée fut un modèle de diplomatie classique. Mais comment soutenir la première thèse, alors qu'il n'y a pas eu partage ? La deuxième, alors que le mouvement révolutionnaire, à l'exception de la Yougoslavie, est partout créé par la présence des forces armées de l'U.R.S.S. ? La troisième, enfin, thèse de la diplomatie traditionnelle, alors que ce qui est en cause ce ne sont pas des rivières ou des chaînes de montagnes, mais les convictions et le sort de millions d'hommes ? La réalité est autre. Yalta apparaît plus sûrement comme l'effort ultime de Roosevelt pour préserver l'entente avec l'U.R.S.S. D'où les concessions qu'il fit à Staline. Ceci posé, Jean Laloy se tourne vers l'avenir. Que peut-on faire, aujourd'hui ou demain, pour mettre fin à la division actuelle de l'Europe, pour envisager et préparer une évolution dans ce sens ? Par là, ce livre touche aux problèmes contemporains, spécialement celui de l'évolution éventuelle des régimes établis à l'Est, non pas en conséquence, mais en dépit de la conférence de Yalta.