Deux enfants, jusque-là séparées par les préjugés et l’indifférence, se rencontrent : Blanche, pensionnaire de l’orphelinat, et Simone, une enfant du village. Le catéchisme préparatoire à la Première Communion réunit les écolières de la commune et les orphelines. Les deux groupes, ainsi mis en présence, s’affrontent silencieusement comme de chaque côté d’un obstacle invisible. Seule Simone, chez qui s’éveille une soudaine curiosité, pense à le franchir. Ces inconnues, en face d’elle, comme tout le monde au bourg, elle les a aperçues mille fois sans leur prêter la moindre attention. Aujourd’hui elle les observe, comme si elle attendait d’elles quelque chose. Or Simone ne trouve que le refus sur ces visages fermés et sa muette insistance resterait inutile si, peu à peu, l’un d’eux ne se détachait des autres et ne se mettait à rayonner mystérieusement. Alors se produit le miracle ; le monde présent se transfigure, s’ouvre tout grand et Simone entre dans le royaume de l’amour comme s’il était l’univers naturel des hommes. Aventure indicible et absolue : celle d’un cœur intact, d’une âme disposée à la joie et tout éclairée encore de la grâce d’enfance. Rien n’étonne cette petite fille qui va dans le mystère non comme dans un rêve, non comme dans une révélation extraordinaire, mais comme dans la simple vérité. Illumination inouïe dont la fin brutale fera repasser à cette petite Ève dépossédée le seuil de l’exil.