Jean-Denis Gendron, né en 1925, est phonéticien de formation (Paris et Strasbourg) et professeur émérite à l’Université Laval de Québec. Il s’est intéressé dès les débuts de sa carrière universitaire à l’histoire de la prononciation du français et à la phonétique corrective, c’est-à-dire à la comparaison des prononciations française et québécoise, et aux questions de norme langagière. Appelé en 1968 par le gouvernement du Québec à présider une commission d’enquête sur la situation de la langue française au Québec, il a acquis une connaissance approfondie du fonctionnement social des langues. Ces travaux l’ont amené à prendre une vue claire de « L’Évolution de la conscience linguistique des Québécois depuis la Révolution tranquille » (1986). Revenant par la suite à ses premiers intérêts, il s’engage à la retraite dans des travaux sur l’histoire de la prononciation du français au Québec. Le présent essai se veut une synthèse des vues qu’il a acquises sur l’origine de la prononciation du français québécois et sur ce que celle-ci révèle des pratiques langagières qui avaient cours à Paris et à Québec aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles et des événements culturels et politiques qui sont à la source de ces pratiques langagières.