Dès ses plus jeunes classes dans les établissements militaires de l'ouest de la France, l'élève Moutarde manifeste très tôt des prédestinations pour le dessin. Et alors que ses instructeurs le préparent au concours de St Cyr, il remporte des distinctions aussi prestigieuses qu'incongrues : premier prix au concours national des chocolats Poulain (chèque de 12.000 F remis des mains de M.Depreval et de M.Magerel, représentants de la société Poulain, en présence de M. et Mme Chollet, directeurs du magasin où se déroulait cette remise des lots), finaliste du concours Goldorak, finaliste du concours Belin « Ay Ay Ay Pepito »... Une belle persévérance dans la domaine du graphisme que Moutarde continuera de développer parallèlement à sa très brillante carrière militaire. Sans doute est-ce ce penchantnaturel pour lordre et la discipline qui lincite à développer, sitôt luniforme posé, un univers fantaisiste fait de courbes et de couleurs en à-plat. Un changement de grade entraîne une mutation sur Paris où ses qualités de stratège sont appréciées par lEtat-major qui, en remerciement dannées de campagne en terre étrangère, lui propose un passionnant travail de bureau. Il nest pas à douter que son inculpation dans lassassinat non élucidé du Dr Lenoir, a jeté un discrédit sur la carrière de ce brillant officier auquel on aura, pour lexemple, coupé les ailes. Au cours dune permission, Moutarde, à lépoque Lieutenant-Colonel, fait la connaissance de Philippe Dumez, un civil dégagé des obligations militaires. A partir de références communes articulées autour de revues généralement proscrites dans les casernes, ils élaborent divers projets de collaborations : « Le Meilleur de Moi » est la dernière dentre elle, et certainement celle qui connaîtra la plus grande diffusion. La revanche des crayons sur les baillonnettes.