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PréférencesTout accepterTout refuserTrans-parent mais pas invisible. C'est le choix que je fais en signant au masculin mon récit de maternité. Le récit d'une traversée presque ordinaire, qu'on entend pourtant trop peu. Plonger tête la première dans la maternité, sans rame et sans gilet. Couler ou presque sous les mots d'un homme violent - le père de l'enfant. Et puis, au milieu de la nuit, l’écriture comme une bouée. Je m’y suis accrochée de toutes mes forces. J’ai entendu les sirènes et je les ai suivies. Pendue à leurs voix, nourrie aux “je te crois”, j’ai avancé, nagé sans m’arrêter. Un jour, le rivage. Il a souhaité le naufrage mais je nous ai sauvés. Aujourd'hui, je porte haut cette voix qu'il a voulu étouffer. Que le monde refuse d'entendre et de croire. Je porte haut ma voix, c'est ma revanche et mon espoir, d'un monde plus humain pour demain.
Je suis une fille de ma génération. Grandir dans une famille sans histoires. Réussir à l’école. Me trouver trop grosse, faire de l’anorexie. Me demander si je suis hétéra, conclure que je suis peut-être bi. Entrer à Sciences Po, abandonner pour un CAP Boulanger. Chercher un sens à ma vie, partir voyager. Lire, surtout écrire, pour surmonter les épreuves de la vie. Deux recueils et un roman auto-édités qu’avec le recul je trouve mauvais, mais qui m’ont permis de rester en vie. Alors quand je tombe enceinte d’un homme violent, après avoir clamé partout que je ne voulais pas d’enfant, quoi ? J’écris, évidemment. ... Enfin j'étais. Maintenant je suis un homme de ma génération. Un homme trans. De ceux qu'iels accusent de tous les maux, De ceux qu'iels voudraient faire taire, Et même : faire disparaître. Pourtant j'existe, on existe, On est là, on a le droit. Je veux que mon enfant sache. Alors quoi? J’écris, évidemment.