Deux couples - Gabrielle et Raymond, Jacqueline et André - auxquels s’est joint un célibataire, Henri, décidèrent en 1954, d’entreprendre un grand voyage. Tous travaillaient aux usines Renault : les trois hommes comme ouvriers, les deux femmes comme dactylos. En économisant, mois après mois, ils achetèrent une “Frégate”. Munis d’une petite somme d’argent qui devait suffire, en comptant au plus juste, à assurer les dépenses de l’équipe jusqu’en Australie, ils partirent un jour à l’aventure. Cette aventure-là se situait sur un tout autre plan que celui où la recherchent ordinairement les voyageurs. Pour Gabrielle Hirzel et ses compagnons, il ne s’agissait ni d’accomplir un exploit sportif, ni de collectionner des images pittoresques, mais de découvrir les hommes, et de tirer à l’échelle de la planète toutes les conséquences de cette fraternité que l’usine leur avait révélée. Pareille expédition comportait des surprises : les unes réjouissantes, d’autres assez tristes, comme celles que devaient faire ses membres, vers la fin du voyage, en se sentant devenir, dans cet Extrême Occident qu’est l’Australie, cinq parias chez les barbares, après avoir été, dans l’Inde, cinq barbares chez les parias.